Spécialisée dans le développement de systèmes de vision bionique innovants, la société Pixium Vision a créé une rétine artificielle à destination des personnes atteintes de dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA). Les essais cliniques convaincants menés sur cinq patients dès 2017 laissent présager une suite prometteuse. 

Avec 25 à 30 millions de cas de DMLA dans le monde, l’invention de la start-up annonce une avancée significative des perspectives de traitement de cette pathologie. Composée de photorécepteurs, la macula, cette zone centrale de la rétine où convergent les rayons lumineux, se détériore au cours de la maladie jusqu’à provoquer la perte de la vision centrale. Pour y remédier, le système Prisma de Pixium Vision combine un implant rétinien à des lunettes de réalité augmentée. Grâce à la caméra miniature intégrée aux lunettes, les signaux visuels sont transmis vers un ordinateur de poche qui les convertit en stimuli.

Sur les cinq patients qui ont participé aux essais, tous ont présenté de bonnes réponses aux stimulations infrarouges.

Puis, ils sont projetés directement sur l’implant rétinien par le biais d’un laser. Enfin, les pixels de l’implant forment une image via les flux électriques. De cette manière, les signaux lumineux sont générés directement vers les cellules ganglionnaires sans solliciter les photorécepteurs. Déterminée à lutter contre la cécité partielle relative à la DMLA, Pixium Vision a lancé entre novembre 2017 et mai 2018 une étude afin de contrôler l’efficacité et la sûreté de son dispositif. Sur les cinq patients qui ont participé aux essais, tous ont présenté de bonnes réponses aux stimulations infrarouge. Des résultats inédits particulièrement encourageants pour d’autres maladies oculaires telles que la rétinite pigmentaire.

Une technologie d’avant-garde loin devant la concurrence 

Si certaines entreprises étaient parvenues à déployer leurs implants rétiniens sur le marché, ils ne sont désormais plus commercialisés. En cause, des résultats bien souvent en-deçà des ambitions annoncées par les fabricants. Ainsi, la société allemande Retina Implant proposait un implant rétinien connecté à un boîtier externe. La faible résolution des images et la lourde chirurgie sur des patients âgés – durant près de 9 heures – ont eu raison de la commercialisation de cet implant en 2019.

Si certaines entreprises étaient parvenues à déployer leurs implants rétiniens sur le marché, ils ne sont désormais plus commercialisés.

En parallèle, l’entreprise américaine Second Sight avait obtenu une autorisation de mise sur le marché dès 2011 pour sa solution équipée d’électrodes fixés sur la rétine et reliés à une paire de lunettes. Du fait de la définition trop peu importante, la société a décidé d’axer ses recherches sur des dispositifs qui stimulent le cortex visuel. Pour sa part, Pixium Vision se félicite de ses résultats. Les porteurs du dispositif, qui n’a connu aucune défaillance depuis, réussissent notamment à distinguer les lettres. Pour l’heure, Prisma offre une vision estimée à 378 pixels. Pour reconnaître les visages ou lire, on estime qu’il est nécessaire de disposer d’une vue à 600 pixels.

Objectif marquage CE en 2023  

Désormais, la société précise sa ligne directrice et envisage un nouvel essai clinique avec davantage de patients. Avec pour ligne de mire, le marquage CE du produit en 2023. En outre, elle prévoit de poursuivre ses travaux relatifs à la définition des pixels. L’objectif fait face à une limite significative, la taille. En effet, pour améliorer la qualité de l’image, il faut réduire la taille des pixels afin d’en héberger davantage ou agrandir le support visuel. Une multitude de problématiques dont Pixium se saisit afin de renforcer ses chances d’obtenir prochainement le précieux sésame. 

Léa Pierre-Joseph